“Faites comme un timbre-poste; agrippez-vous
tant que vous n’êtes pas arrivé à bon port.”
Bob Proctor
” Je ne suis pas très groupie, mais je pense que je
demanderais un autographe à Laird Hamilton si je le
rencontrais un jour. Peut-être n’avez-vous jamais entendu
parler de lui – j’ignorais moi-même son existence avant l’an
dernier – mais cet Hawaïen de 48 ans est une légende
vivante dans le monde du surf. Depuis maintenant une
trentaine d’années, il chevauche les plus puissantes
vagues que la nature ose créer… Des murs d’eau pouvant
atteindre une trentaine de mètres de haut.
C’est lui qui a surfé sur la plus grosse vague jamais surfée
de tous les temps; je pensais qu’il s’agissait
d’un tsunami lorsque j’ai vu la photo.
Je devrais préciser que Laird ne surfe pas pour battre
des records ou impressionner la galerie – d’ailleurs,
il refuse de participer aux compétitions. C’est un puissant
désir de dépassement et un immense amour de l’océan
qui l’ont toujours motivé. On pourrait même dire que son
sport est une pratique spirituelle, pour lui :
il s’y adonne avec respect, ferveur, révérence…
Oh, et avec une intensité qui s’approche de la démence !
Lorsque son ami a été presque tué en surfant avec lui sur
des vagues exceptionnellement géantes (30 à 35 mètres),
il est allé lui porter secours, il a porté son corps inconscient
jusqu’à la plage, puis dès que l’ambulance est partie…
il est retourné surfer ! Il devait y retourner, il dit,
sachant qu’il ne reverrait peut-être jamais des vagues
aussi spectaculaires de toute sa vie.
Et surtout, il ne voulait pas que la peur remporte la partie.
Voici Laird à l’œuvre (il est rare qu’une photo prise de loin
en dise encore plus sur une personne qu’un plan rapproché,
n’est-ce pas?):
Deux ou trois choses se produisent, lorsqu’on utilise une
vague de plusieurs mètres comme moyen de transport :
primo, on a le sentiment d’être porté par l’Énergie qui
crée les mondes; secundo,il suffit d’une mauvaise manœuvre
pour que la vague casse la plupart de nos os en plusieurs
morceaux et tertio, quand on tombe, c’est l’équivalent
de tomber d’un édifice de plusieurs étages.
(Jamais encore n’ai-je employé un «on» qui exclut autant
la personne qui parle…)
On peut donc rester submergé pendant longtemps
– pendant très longtemps, si on est coincé dans un récif
sous-marin, ou qui sait quoi – avant de remonter à la surface.
J’ai lu une entrevue avec Laird, récemment, et la journaliste
lui demandait justement s’il s’exerçait à retenir sa respiration
le plus longtemps possible, sachant que ce serait probablement
sa capacité pulmonaire qui le maintiendrait en vie en cas de
mésaventure. Ce serait la moindre des choses,
on pourrait dire… Si on surfe sur une vague qui peut
nous broyer en quelques secondes, ne devrait-on pas
au moins faire tout ce qui est en notre pouvoir pour ne pas
mourir par noyade ?
C’est ce que je me disais, du moins. Mais voici ce que
notre ami a répondu :
«Il y a une école de pensée qui dit de ne pas s’entraîner
pour ce qu’on ne veut pas se voir produire.»
La réponse de Laird m’a fascinée. Bon, il faut dire
que si une personne chevauche des vagues meurtrières
depuis plusieurs décennies et leur survit j’ai tendance à
être fascinée par à peu près tout ce qu’elle dit. 😉
Mais vous conviendrez avec moi qu’il y a quelque chose
de magistral dans sa philosophie.
Évidemment, on pourrait avancer qu’il est inutilement
imprudent… surtout qu’il a une femme et trois enfants.
Être aussi déterminé à réussir est certes impressionnant
– bravo à lui! – mais que perdrait-il à être un peu plus
prévoyant ? Ne serait-il pas plus sage de se préparer
à toute éventualité ? En fait, que notre objectif soit
de chevaucher des vagues géantes, comme lui, ou
simplement de concrétiser de nouveaux projets qui nous
font vibrer, on pourrait dire qu’il est prudent de se
préparer au pire, d’avoir un plan B… d’installer un petit
filet de sûreté au cas où on en viendrait à tomber.
Ou l’est-ce vraiment?
Ce que j’apprends, à travers des personnes comme Laird
Hamilton, et en naviguant bien sûr sur les eaux de ma
propre vie (heureusement, beaucoup moins tumultueuses…),
est que la prudence peut être l’attitude la plus imprudente,
en réalité. Elle a si souvent le contraire de l’effet désiré.
Oh, on se dit bien sûr que la porte de sortie sera là juste
au cas où ça ne marcherait pas… que le filet nous accueillera
seulement si on en vient à tomber. Mais ce qu’on ne réalise
pas, c’est qu’en se préparant une porte de sortie ou un filet,
on se prépare en même temps à l’utiliser.
On voit notre plan B comme notre sécurité, alors que bien
souvent, c’est précisément lui qui nous amène à tomber.
Pas le plan en lui-même, bien sûr, mais la partie de nous
qui doute de notre réussite et qui nous amène qu’à le créer.
Si nous vivions dans un monde régi uniquement par des règles
de statistiques et de probabilités – par le hasard, en fin
de compte –, avoir un plan B serait logique, car il y aurait
une sorte de force aléatoire et plus grande que nous
dont il faudrait se protéger. Or, si le monde fonctionnait
effectivement ainsi, Laird Hamilton serait mort depuis
longtemps (quand je conduis au centre-ville de Montréal,
je me dis parfois que nous le serions à peu près tous
également…). La plus grande force qui soit n’est pas
dans les vagues, mais dans la détermination avec laquelle
on se prépare à surfer dessus – ou à en tomber.
Et s’il est imprudent de foncer sans plan B, il l’est tout
autant de foncer lorsqu’on a besoin d’un tel plan.
Cet état de «je le fais, mais je ne suis pas sûr, donc
on verra bien» n’a que très peu de puissance et de portée.
Ainsi, que diriez-vous de vous aligner fermement dans la
direction désirée et, comme Laird, de brûler les ponts
vers toute autre possibilité ?
Oh, cela donne certainement un joli vertige !
J’ajouterais par contre qu’il n’est pas nécessairement
question de vivre sur la corde raide, ici…
Je parie que Laird lui-même s’assurerait d’améliorer sa
capacité pulmonaire, si elle n’était pas déjà exceptionnelle
grâce à son entraînement intensif et ses 30 années
de pratique. En fait, il n’est même pas vraiment question
de ce que l’on fait ou de ce que l’on ne fait pas,
aujourd’hui, mais de ce qui nous habite.
Il est question de croire intensément en ce que l’on veut…
Il est question d’arrêter de penser autant au fait que
l’on pourrait tomber… Il est question de cesser de
s’enligner vers des résultats que l’on souhaite éviter.
C’est simple, mais c’est souvent assez.
La vie est tellement plus puissante qu’on peut l’imaginer.
Nous sommes tellement plus puissants qu’on peut l’imaginer.
Et dès qu’on ose s’unifier complètement vers la destination
où on veut aller, on commence à être ébloui par nos résultats,
et par l’aisance avec laquelle on les a créés. D’ailleurs,
maintenant que j’y pense… c’est un peu comme être porté
par l’Énergie qui crée les mondes, si vous voulez.
Passez une magnifique journée! 🙂 ” Marie Pier
Source: http://www.matinmagique.com (un site à découvrir !)