Qu’il vienne, qu’il vienne,
Le temps dont on s’éprenne.J’ai tant fait patience
Qu’à jamais j’oublie.
Craintes et souffrances
Aux cieux sont parties.
Et la soif malsaine
Obscurcit mes veines.Qu’il vienne, qu’il vienne,
Le temps dont on s’éprenne.Telle la prairie
A l’oubli livrée,
Grandie, et fleurie
D’encens et d’ivraies,
Au bourdon farouche
Des sales mouches.Qu’il vienne, qu’il vienne,
Le temps dont on s’éprenne.Arthur Rimbaud (1854-1891),
extrait d’Une saison en enfer.

Portrait du jeune Arthur Rimbaud par Étienne Carjat, vers 1872.
Écouter…
Un été avec Rimbaud par Sylvain Tesson
sur France Inter (été 2020)
Sylvain Tesson, l’écrivain-voyageur, revisite l’œuvre de l’un des plus grands poètes français. Belle occasion de (re)découvrir les recueils, les correspondances, la précocité du génie et sa vie aventureuse qui ont contribué à forger la légende de ce poète.