Les bienfaits du Yoga dans l’eau
· La flotabilité
Tout pratiquant de yoga aquatique est soumis à l’action de trois forces qui
s’opposent entre elles :
d’une part la Pesanteur qui le fait couler,
d’autre part la poussée d’Archimède et la force de Portance qui le
maintiennent à la surface.
Ce rapport exprime la flottabilité du baigneur.
· La force de Pesanteur
Elle est égale au poids du pratiquant. Cette force s’exerce verticalement,
de haut en bas, sur son centre de gravité.
· La poussée d’Archimède
Elle est égale à celle du poids du volume d’eau que déplace le nageur.
Cette force s’exerce verticalement, de bas en haut, sur son centre
géométrique (centre du volume d’eau déplacé).
Cette poussée est encore plus importante dans l’eau de mer du fait de sa
plus grande densité.
· La force de Portance
Elle s’ajoute à la poussée d’Archimède et participe au maintien du nageur
à la surface notamment lorsque le corps est en position horizontale.
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La flottabilité, dans la plupart des
cas, est positive, surtout si les
poumons (flotteurs naturels) sont
modérément remplis d’air.
De même, la densité graisseuse étant
inférieure à la densité musculaire, les
femmes flottent en principe mieux que
les hommes et plus généralement les
personnes « enrobées » flotteront mieux que les personnes minces ou très
musclées.
Ceci étant, même si on flotte à différentes profondeurs selon
sa morphologie, le sentiment de « grâce » (samprayoga) est
encore plus facilement perceptible dans l’élément Eau.
La légèreté
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Jathâra parivrtti (variante de Torsion couchée) |
Grâce à cette extrême flottabilité
procurée par l’apesanteur, nous
pouvons évoluer dans l’eau avec un
maximum de confort.
Cette agréable sensation de légèreté
ressentie par notre corps tout entier
est plus ou moins variable en
fonction de notre niveau d’immersion.
En eau de mer, immergés jusqu’au-
dessus du pubis nous ne pesons que 50 à 80% de notre poids terrestre,
si l’eau nous arrive à la hauteur de la poitrine notre poids perd entre
15 et 30% et si l’eau atteint la base de notre cou, notre poids n’est plus
que de 6 à 10% de celui que nous avons habituellement.
Autrement dit, plus on est immergé et plus on flotte !
Les appuis sont différents de ceux que l’on connait sur terre.
On passe dans l’eau d’appuis solides à des appuis fuyants.
Cela nécessite une attention nouvelle et un effort particulier notamment
lors de la prise de la posture. Ces appuis, moins fermes que ceux
rencontrés sur terre, demandent au pratiquant une plus grande conscience
de la colonne vertébrale, des hanches, des épaules (les articulations les
plus proches du tronc) et de tous les groupes musculaires sollicités.
La Fluidité du milieu
La fluidité propre au milieu favorise la détente et le lâcher-prise. On
« s’installe » alors dans un délicieux bien-être, un état de fluidité
dans lequel on fait l’expérience de se laisser couler, de se fondre dans
son environnement.
Le prâna, l’énergie vitale, l’énergie subtile qui anime autant le corps que
l’esprit, circule alors librement.
C’est ce même état que l’on peut connaître dans une pratique yogique
terrestre, à travers notamment le contrôle du souffle vital (pranayama),
mais qui, dans ce contexte aquatique, est plus aisément accessible.
Installés dans cette pleine quiétude, nous pouvons ainsi savourer l’instant
présent, à l’écoute de nos sensations, le temps d’une suspension de souffle,
le temps d’une éternité…
« Celui dont l’esprit n’est ni endormi, ni éveillé, est exempt de souvenir et
d’oubli, ne meurt ni ne naît, en vérité c’est un être libéré. »
(HYP IV, 110 – trad. Tara Michaël)
L’Équilibre
Dans l’eau, nous accédons à une forme d’apesanteur où notre équilibre
est modifié.
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Jathara parivrtti-3 Photo magalisutra.over-blog.com |
Portés à la dérive, notre boussole
biologique est bousculée. Les réflexes
acquis sur terre pour conserver notre
verticalité sont inadaptés au maintien d’une
posture dans l’eau.
Ils doivent être ajustés afin d’utiliser au
mieux les forces spécifiques à ce milieu
(la pesanteur, la poussée d’Archimède
et la portance).
Selon les postures pratiquées, notre corps flottera dans un équilibre
plus ou moins stable :
– Les postures allongées sur le dos ou sur le ventre seront bien plus
stables que les postures nécessitant un enroulement de l’axe vertébral ou
un regroupement des membres du fait de la force de Portance plus grande.
Les membres, véritables « nageoires naturelles », seront au besoin
délicatement mobilisés afin de maintenir plus aisément et plus durablement
la position horizontale, le tronc restant le principal élément postural
statique.
La tête, véritable « gouvernail » de notre « embarcation corporelle »,
devra rester bien dans l’axe de la colonne afin d’assurer son assiette.
– Pour ce qui est des postures regroupées, l’équilibre requerra un
peu plus d’attention et de patience.
Lors de la prise de la posture, le corps pourra rouler « d’un bord sur
l’autre » quelques instants, tel le bateau au mouillage doucement ballotté
par le clapot, avant de finalement se stabiliser.
Ce phénomène combinant « roulis » (oscillation de droite à gauche autour
de l’axe longitudinal de la colonne) et « tangage » (inclinaison d’avant en
arrière autour de l’axe transversal), bien connu des marins mais aussi des
nageurs, disparaitra assez vite…
La Respiration
« Lorsque le souffle est agité, l’esprit est agité. Lorsque le souffle est
immobile, l’esprit est immobile, le yogin atteint la fixité. C’est pourquoi l’on
doit arrêter le souffle. » (HYP II, 2 – trad. Tara Michaël)
· Lors des pratiques, face immergée :
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Kurmâsana (variante de la Petite Tortue) |
Les poumons doivent être moyennement remplis, respiration suspendue
Cela permet, d’une part, d’optimiser la flottabilité et, d’autre part, de
pouvoir quitter sereinement la posture avant que le besoin d’inspirer ou
d’expirer ne se fasse sentir.
« Lorsque le prâna (le souffle vital) s’affaiblit au point de disparaître et
que le manas (l’esprit) est résorbé, l’unicité de saveur qui demeure est
appelée samâdhi. »
HYP IV, 6 – trad. Tara Michaël
· Lors des pratiques, face émergée :
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Supta tadâsana (variante de l’Arbre couché) |
La respiration aérienne doit être normalement calme, consciente, profonde,
comme dans la pratique posturale sur terre.
L’élément Eau, liquide matriciel, enveloppant et protecteur apporte
naturellement une grande détente propice à l’allongement du souffle.
Les suspensions de souffle sont induites et par conséquent moins
« techniques » que lors des pranayama-s.
Un approfondissement plus naturel de la posture est alors possible.
La Réduction des contraintes mécaniques
Dans l’eau, comme nous l’avons vu plus haut, grâce à la poussée
d’Archimède, la gravité ne s’exerce presque plus. On se sent plus léger
et plus souple. Il n’y a pratiquement plus aucune contrainte mécanique
puisque les articulations ne sont plus en charge, les muscles travaillant
contre la seule résistance de l’eau.
Sans forcer, on arrive à réaliser des exercices qui nous auraient fait
souffrir hors de l’eau.
La réduction des contraintes mécaniques entraîne un « assouplissement »
qui permet d’aller plus loin dans les postures.
Garudâsana (l’Aigle) |
La Détente qui facilite le lâcher prise
L’environnement aquatique est idéal pour atteindre une meilleure
compréhension de notre corps et une détente totale.
L’eau apporte à la fois support et réconfort.
L’effet d’apesanteur dissipe toute notion de poids et de limite, laissant
place à la légèreté et au relâchement, en toute confiance.
Les mouvements sont plus fluides, les tensions musculaires s’effacent
progressivement et les rythmes, physiologiques et psychiques, s’équilibrent.
Toutes les formes possibles de stress sont évacuées grâce aux vaguelettes,
produites par les mouvements dans l’eau, qui massent habilement le corps.
Notre oreille interne, chargée habituellement de gérer notre verticalité,
se met au repos le temps de nous laisser glisser dans une relaxation tant
physique que mentale propice à l’abandon et au lâcher prise, à l’écoute de
notre Guide intérieur.
« Il y a là quelques secondes de silence plus profondes que le flux et le
reflux des vagues, il y a là quelque chose qui semble porter l’océan . . . »
La Montagne dans l’Océan – Jean-Yves Leloup
L’allongement du temps limite
Dans le cadre d’une pratique aquatique le “temps limite”, le temps
maximum durant lequel on peut maintenir la posture en statique, s’allonge.
Il est alors possible de s’installer plus durablement dans les postures
semi-immergées en s’y laissant « couler » avec aisance, le temps d’en
ressentir pleinement tous leurs bienfaits.
Très peu de contre-indications
Le yoga dans l’eau offre l’avantage de ne présenter que peu de contre-
indications permanentes en dehors du diabète mal équilibré, de l’épilepsie
ou de la tétanie du fait des risques de malaise liés à ces pathologies.
Il n’existe que quelques contre-indications temporaires comme les otites,
les affections rhino-pharyngées aiguës, les sinusites, certaines affections
broncho-pulmonaires ou certaines maladies de peau.
Cette pratique est donc accessible au plus grand nombre.
– Les personnes en surpoids et les femmes enceintes bénéficient des
bienfaits de l’apesanteur ;
– Les personnes âgées ayant des problèmes de dos ou de raideurs
articulaires connaissent une meilleure réussite dans l’eau ;
– Les jeunes profitent de l’effet calmant de l’eau.
Toutes ces personnes peuvent alors accéder pleinement et directement
à cette discipline yogique spécifique.
Sylvaine.
Extrait de mon mémoire de fin d’étude “De la mer au yoga”