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Mai 08 2015

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La joie intérieure…

La joie intérieure... La joie intérieure

C’est avec joie que je cherche dans le dictionnaire l’origine étymologique du mot joie : goye en vieux français est le latin gaudium qui vient du grec gèthéo, l’allégresse, l’intensité du présent. On retrouve cette origine gréco-latine dans le mot voisin, gaieté. Or ge est le nom donné à la terre, qui est la Déesse-Mère Gaïa.

Est-ce donc cette matière, cette materia (mater-ia), cette Mère-Terre qui vibre tout au fond de notre corps lorsque nous sommes tout à fait identifiés au présent, complètement sensibles et réceptifs ?

En tout cas c’est un sentiment de dilatation qui nous envahit complètement, face à un événement heureux, le plus souvent, mais aussi face aux minuscules choses de la vie, nos dieux des petits riens, lorsque s’ouvre en nous un vaste champ et que notre matière subtile, qui contient notre énergie de vie, fleurit dans notre conscience. Car il s’agit bien d’espace. Un espace pour la conscience, un espace pour le sacré.

Ce matin, je m’adonne à ma méditation préférée : encore bien enroulée sous ma couette, je m’ouvre au nouveau jour, avec toute ma vigilance.
Et je constate que plus je me détends, plus je laisse seulement le temps goutter instant par instant, plus il semble qu’une vibration ailée se lève au centre de cette forme de mon corps, et vient se lover au cœur, dans un doux frottement. Oui, la joie, pour moi, c’est l’expérience d’un frou-frou très léger, dans un accueil confiant au monde.

C’est l’exact contraire du repliement, du renfermement, de l’étroitesse, qui sont nos états de corps et d’âme lorsque nous sommes pris, emprisonnés dans la lourdeur collante des sentiments obscurs et des angoisses (qui sont, elles, angustia, resserrement).

Il est intéressant de savoir que le mot bonheur vient, lui, de bon-heur, ou bonne augure. Heur vient de augere, qui signifie accroître, grandir, élargir, et que l’on retrouve dans augmenter.

Le bonheur et la joie sont donc signes d’augmentation, d’élargissement, d’ouverture, et l’homme heureux, joyeux, est donc l’homme ouvert, réceptif à la créativité vitale sans fin de l’existence, vécue comme une unité, comme un espace sacré, immense, sensible et signifiant. La joie, et le bonheur qui est une joie plus constante, font de nous des poètes, dans le vrai sens du mot, qui est création, poésies.

Étant joyeux, gai, et peut-être même heureux, je rends ma vie poétique, c’est-à-dire créative, inventive, pleine de surprises.

Tradition védique

Cette question de la joie d’être simplement vivant est au cœur de la grande tradition du yoga issue du monde védique.

Les hymnes respirent l’allégresse : la relation des prêtres-poètes à leurs dieux est faite de demandes où il est presque toujours question de bienfaisance, de félicité, de gloire, de bonheur, de splendeur, de prospérité, de bien-être.

Au travers de ces chants de louanges et de ces prières, ce peuple védique semble être baigné dans une vision heureuse de l’existence, dans laquelle le rituel est le moment béni où les hommes, en contactant leurs dieux, vont se remplir de ces énergies vitales cosmiques, afin de maintenir leur corps et leur esprit dans les meilleures conditions pour vivre un quotidien paisible et joyeux.

Voici quelques exemples de cette magnifique relation de confiance et de dévotion :

« II est pressuré, M Soma, lui qui apporte les trésors, les richesses, les aliments et la paix heureuse ». (Rig-Véda, 9-108)

« Qu ‘elles soient notre bonheur, les Déesses, nous protégeant, nous laissant boire ; qu’elles fassent couler pour nous le bonheur et la vie ». (Rig-Véda, 10-9)

« Donne-nous aujourd’hui, Dieu Savitar, le bonheur d’une descendance, repousse au loin le mauvais rêve!… Bonheur le vœu que l’on choisit, bonheur ce qu’on place à droite, bonheur le regard de Yama ». (Sankhâyana grihyasûtra, 1-4)

« Donnez-nous le bonheur, Mitra et Varuna, donnez-nous le bonheur, ô riche Pathya ! Donnez-nous le bonheur, ô Indra, et Agni, donne-nous le bonheur, ô Déesse Aditi ! Pour notre bonheur suivons le chemin, comme fait le soleil avec la lune ». (Sankhâyana grihyasûtra, 1-6)

Au fur et à mesure qu’évolué la pensée védique, les dieux tendent à s’agglomérer en une figure synthétique, qui prendra plusieurs noms.

Narayana est l’une de ces compositions mythiques très émouvantes. Il représente l’irreprésentable Brahman absolu, qui est avant tout une énigme, celle de la force générée par la parole des poètes, et qui élève l’esprit vers l’univers.

Si cette force existe en l’homme, c’est donc qu’elle est cosmique, et c’est pourquoi la notion de Brahman finit pas désigner la force unitaire d’origine, présente au fond de toute chose existante.

Cette présence intérieure invisible, indescriptible, est appelée Âtman, mais elle est souvent personnalisée par Narayana, ce dieu considéré comme le refuge des hommes.

Dans la littérature védique plus récente, celui-ci représente l’ensemble des dieux, puisqu’il endosse le corps cosmique d’origine, le Purusha, d’où ceux-ci sont tous issus.

Un magnifique hymne lui est consacré dans la Taittirîya Âranyaka, où il prend toutes les formes qui ont été chantées par les grands hymnes védiques.

Voici un extrait de ce texte :

« Évoquons le Dieu aux mille têtes, le Dieu qui voit toutes choses et à tous apporte la paix : Narayana, le Dieu Universel, l’impérissable, la suprême parole… Le maître de toutes choses, le Seigneur de l’Âme, l’Eternel, le Bienfaisant, le Constant ; Narayana, haut objet de connaissance, Âme de toutes choses, but suprême… C’est Manu, Mrtyu, Satya, Mitra, Vâyu ; c’est l’espace, le souffle ; c’est Qui, c’est Quoi ?
C’est le Bonheur, c’est Cela, c’est la Vérité, la Nourriture, l’Ambroisie ; c’est tout ce qui voit, c’est l’Univers, c’est le Bonheur Suprême, c’est l’Être existant par lui-même ». (Taittirîya Âranyaka 10.10)

Dans les Upanishads, c’est la notion abstraite de Brahman qui va finalement cristalliser ces qualités infinies, qui sont espérées dans le lien avec l’invisible. C’est pourquoi, la tradition brahmanique, qui culminera dans le Vedânta, en vient à dépasser toute représentation possible pour cette absolue conscience, dont on ne peut rien dire, à part qu’il est le lieu de Sat, Chit, et Ânanda, c’est-à-dire de Toute Vérité, Toute Intelligence et Tout Bonheur.

On voit que la joie intérieure ne peut se rencontrer que dans un ailleurs invisible, qui est pourtant là à chaque instant, tout au fond de l’être multiforme que nous sommes.

C’est pourquoi plusieurs Upanishads élaborent la théorie des cinq corps, ou koshas.

Dans cette description, la couche la plus superficielle est le corps physique, anna-maya-kosha, puis vient la couche énergétique, prâno-maya-kosha, suivie de mano-maya-kosha, la couche affective. Après celle-ci, vient la couche de la réflexion, vijnâna-maya-kosha, et enfin ânanda-maya-kosha, la couche de la béatitude, qui se situe au plus près de notre identité profonde, qui est l’Âtman, le Soi.

La plus célèbre description de cette théorie est celle de la Taittirîya Upanishad, mais on la trouve également dans la Mahânârâyana Upanishad :

« C’est pourquoi lorsqu’on donne de la nourriture à quelqu’un, on lui donne tout cela : les souffles en effet ont leur origine dans la nourriture ; or c’est grâce aux souffles des êtres vivants qu’existé l’esprit et c’est de l’esprit que naît la connaissance ; de la connaissance : la Béatitude, le Brahman, le Séjour ».

C’est ainsi que l’origine védique du yoga classique pose cette possibilité d’une joie infinie lovée tout au fond du corps et du cœur, dans le lieu minuscule où s’est caché un immense trésor cosmique, sous forme d’une énergie-conscience infinie.

Et le yoga est la discipline qui peut nous permettre l’accès à cette caverne d’Ali Baba.

C’est pourquoi le yogi est celui qui désire la connaissance, et qui se donne les moyens de la chercher.

Dans la Chandogya Upanishad, on assiste à un dialogue entre Nârada, qui, malgré toute sa science sacrée, vient avec ses demandes d’homme en souffrance, et Sanatkumâra, qui lui enseigne le yoga. Celui-ci pousse Nârada dans ses retranchements pour essayer de comprendre ce qui est supérieur à quoi, dans les connaissances humaines.

À la fin d’une très longue énumération de qualités qui se superposent, et pour chacune desquelles Nârada demande à être instruit, le dialogue se poursuit ainsi :

C’est Sanatkumâra qui parle :
– C’est seulement quand on sacrifie qu’on pratique parfaitement ; sans sacrifices, pas de pratique parfaite. Celui seul qui sacrifie pratique parfaitement ; mais il faut vouloir connaître le sacrifice.

Nârada lui répond :
– Je veux, Seigneur, connaître le sacrifice.

Et le dialogue continue :
– C’est seulement quand on éprouve une joie intérieure que l’on sacrifie. On ne sacrifie pas quand on est en proie à la souffrance. C’est seulement quand on éprouve de la Joie que l’on sacrifie ; mais il faut vouloir connaître la Joie.
– Je veux, Seigneur, connaître la Joie.
– Il n’y a de la Joie que dans l’Infinitude. Il n’y a pas de Joie dans le fini. La Joie est Infinitude, mais il faut vouloir connaître l’Infinitude.
– Je veux, Seigneur, connaître l’Infinitude…
– L’infinitude est en bas, elle est en haut, elle est à l’ouest et à l’est, au nord et au sud, elle est tout ce qui existe. Il en est ainsi de l’Âtman. Celui qui voit ainsi, qui pense ainsi, qui sait ainsi, qui aime l’Âtman, qui se joue avec l’Âtman, qui s’unit avec l’Âtman, qui fait sa félicité avec l’Âtman, celui-ci est le maître souverain.

Ceci est donc le secret du yoga védique : la Joie intérieure, ou Félicité, est au cœur de notre être, et peut livrer sa saveur, sa sagesse (le mot latin pour sagesse, sapientia, signifie le goût) à qui fait l’effort de sacrifier les parts les plus superficielles de lui-même, et entreprend de creuser à l’intérieur, dans l’obscurité de son vécu.

Yoga classique

Si les états supérieurs de la conscience décrits par l’auteur des Yoga Sûtra-s ont plutôt à voir avec des expériences de l’ordre de la lumière et de la clarté, le texte contient de nombreuses références à la question de la joie et du bonheur.

En particulier, dès le premier chapitre, lorsque Patanjali décrit le samâdhi samprajnâta (extase avec connaissance), il dit ceci « le samprajnâta dans lequel la conscience est encore tournée vers l’extérieur, fait appel à la réflexion et au raisonnement. Il s’accompagne d’un sentiment de joie et du sentiment d’exister » (YSI17) 2

Cela est important: dans ce texte fondateur de toute pratique yoguique, il apparaît donc que lorsque l’on atteint un état de profonde méditation (même s’il y a encore des résidus de pensée, avant l’accès à un état encore plus exceptionnel, fait d’une extase au-delà de toute action mentale), les sentiments qui accompagnent cette transformation intérieure ont à voir avec un renforcement de la conscience d’être vivant, dans la joie et le rayonnement de cette conscience.

Cet état est tout à fait proche de la vision upanishadique, celle de la couche profonde ânandamayakosha, la plus proche du Soi ultime, situé tout au fond de notre être, qu’il est possible d’atteindre grâce à la méditation.

Les Yoga Sûtra-s mettent en évidence à plusieurs reprises l’opposition entre dukha, la souffrance, et sukha, le plaisir, la joie, comme constituant de fonctionnement des êtres humains : le fait que chacun est attiré par ce qui va lui donner de la satisfaction (I, 7), et repousse ce qui lui vaut de la peine est au cœur de l’organisation du vivant, c’est pourquoi ce système binaire va déterminer le champ des actes causatifs, les karma-s (II, 14). D’où l’importance de susciter en soi des états agréables qui généreront des effets positifs.

Dans le premier chapitre, l’aphorisme I, 32 et les suivants proposent plusieurs pratiques destinées à réduire les états négatifs : douleur (dukha), angoisse (daurmanasya), tremblements (anjamejayatva) et blocages respiratoires (shvâsprashvâsa), tous dus à la dispersion mentale (yikshepd), elle-même causée par les antaraya-s, qui sont de profondes attitudes nocives installées dans le corps et l’esprit par certains traits de la personnalité (1,30 et 31).

La première pratique consiste à pacifier le mental, chitta prasâdanana, par la culture de quatre qualités, dont la joie, mudita. Les trois autres qualités sont l’amitié (maïtri), la compassion (fcaruno) et la tranquillité (upeksha).

Voici l’aphorisme complet : « L’amitié, la compassion, la gaieté et la tranquillité apaisent l’esprit ; ces comportements doivent s’exercer indifféremment dans le bonheur ou le malheur, vis-à-vis de ce qui nous fait du bien, ou de ce qui nous fait du mal »

Cette proposition de générer des états agréables, en vue de créer la cause d’une orientation positive de notre chemin de vie, se retrouve dans renonciation des niyama-s, les principes éthiques personnels qui sont au début de la voie du yoga en huit étapes (astanga yoga), juste après les yama-s, les principes éthiques sociaux.

Il s’agit là, avec ces dix principes (cinq yama-s : non violence, véracité, non-vol, modération, non-accumulation, et cinq niyama-s : pure clarté, contentement, discipline, connaissance de soi, abandon à la transcendance), de réorienter son corps et son esprit dans un conditionnement positif volontaire vis-à-vis des autres et de soi-même, afin de se déconditionner des éléments négatifs qui nous encombrent, nous agitent et nous mettent en conflit.

Il est intéressant de constater que les deux premiers des niyama-s valorisent justement les sentiments agréables ; quant aux trois suivants, le travail intérieur qu’ils supposent a un rôle fondamental pour d’abord réduire l’impact des obstructions fondamentales, les klesha-s, qui conduisent aux illusions, et finalement préparer la venue de l’état d’extase, le samâdhi. Shaucha, le premier niyama, consistant à cultiver la transparence et la netteté intérieure, a pour effet un certain nombre de qualités émergentes, dont saumanasya, qui est un état heureux du mental (II, 41).

En ce qui concerne le second niyama, santosha, dont le but est d’apprendre l’acceptation satisfaite des choses de la vie, Patanjali considère qu’il apporte le plus haut degré de joie (II, 42).

Et puis, enfin, la joie est au cœur de la posture (âsana), qui est le troisième membre, la troisième étape de cette longue voie yoguique.

En effet, dans cette pratique fondamentale, qui est au cœur de nos enseignements occidentaux du yoga, il est question de repérer ce qui, dans notre corps, est tonique (sthira), et détendu (sukha), « dans un espace heureux », selon la jolie formule de Gérard Blitz, afin d’ajuster finement ce champ d’expérience en trouvant la paix au fond de l’effort (prayatna saïtylia), ce qui permettra de méditer sur l’immensité vivante de l’espace intérieur et extérieur, ce que l’on nomme ananta samâpatti, et qui est le véritable but de la posture : se sentir véritablement appartenir et participer à ce champ d’énergie vitale en nous et autour de nous.

Ainsi, dans ce texte plutôt austère, ne contenant pas la moindre parcelle de l’esprit poétique des Védas et des Upanishads, nous naviguons tout de même dans le même univers intérieur, celui d’une dilatation de l’être, passant par des états intérieurs de tranquillité, de joie, de bonheur, et découvrant finalement des trésors de lumière, des cassettes de purs joyaux.

Philosophie occidentale

Cette spiritualité de la joie est également très présente dans la pensée de certains de nos grands philosophes, qui sont des authentiques amis de la sagesse.

Au XVIIe siècle, le philosophe hollandais Baruch Spinoza développe une conception de la vie où la joie joue un rôle central.

Il faut se rappeler que c’est l’un des premiers penseurs à avoir osé remettre en question la transcendance divine, en considérant que Dieu était un autre nom donné à la nature, dans une formule célèbre : « Deus sive natura », « Dieu n’est autre que la nature ».

Cette vision avant-gardiste lui valut d’être exclu de sa communauté juive, et d’être obligé de vivre loin des siens, en toute solitude. Pour lui, toutes les émotions humaines sont des variations sur trois émotions de bas : la joie, la tristesse et le désir.

Dans son ouvrage principal, l’Ethique, il définit la joie comme « le passage de l’homme d’une moindre à une plus grande perfection », c’est-à-dire comme une augmentation de l’être, un accroissement des forces vitales, nous donnant l’énergie pour faire effort vers la réalisation de nos désirs.

Cette idée d’augmentation de la puissance vitale sera reprise par Nietzsche, avec la différence que, pour lui, la joie est associée à l’acceptation du caractère tragique de l’existence, et à l’amour du destin (amor fati), sans espoir venant de la religion ou des idéaux.

Ces deux grands philosophes mettent toute leur intelligence à faire comprendre que la joie est fondée sur un rapport très intime avec l’existence, telle qu’elle est, sans se bercer d’illusions. Cette démarche intérieure d’acceptation et de reliance avec ce qui est permet le surgissement d’un état d’ouverture et d’intensité vitale, qui est d’ordre spirituel. Voilà ce qu’est la joie pour eux : un état supérieur de l’être-au-monde, empli d’espace.

Cette vision purement existentialiste et vitaliste de la joie sera reprise par deux grands philosophes au XXe siècle.

Le philosophe français Henri Bergson voit dans la joie le signe d’un accomplissement, d’une réussite et d’un achèvement, ce qui, selon lui, en fait un indice du sens de l’existence humaine, qui est de créer, de se créer et de se recréer dans la mouvance même de l’existence, quoiqu’il en coûte. La joie profonde, qu’il distingue nettement du plaisir, signale que l’être humain a gagné sur l’adversité, et qu’il adhère pleinement à son chemin de vie. Il relie ainsi joie, ouverture et vitalité : « La joie annonce toujours que la vie a réussi, qu’elle a gagné du terrain…

Partout où il y a de la joie, il y a création ». 3

On retrouve également chez Gaston Bachelard l’idée d’une joie d’exister dans l’espace d’un soi-même réconcilié avec le monde de la vie. Ce passionné de l’imaginaire humain considère qu’il y a une importance cruciale, pour les humains, à la création artistique, et à la relation à l’art et à la littérature, comme susceptibles de révéler au dedans de larges dimensions vitales, portées par les images et les symboles. Pour lui, les productions de l’imagination permettent d’ouvrir les espaces intérieurs de l’être humain, donnant un sens supplémentaire à la vie.

Il va jusqu’à dire que l’immensité est une catégorie fondamentale de l’imaginaire, qui, lorsqu’elle s’exprime par la contemplation du beau, entraîne une joie essentielle qui ouvre la personne à un registre autre d’elle-même : « et être nouveau, c’est l’homme heureux. » 4

L’oriental yoga, comme philosophie appliquée, et l’occidentale philosophie, comme amour de la sagesse, nous délivrent le même message :

apprivoisons cette joie qui bouillonne en nous lorsque nous nous sentons vraiment vivants, afin qu’elle guide nos pas vers une expansion de notre espace intérieur, un « bonheur » qui nous permet de nous dilater à l’infini afin de percevoir que, si nous sommes part de l’univers, l’univers est au fond de nous, et chante sa chanson.

Alors nous deviendrons « de meilleurs êtres humains », selon la si belle et si simple formule du Dalaï-Lama.

Auteur : Evelyne Grieder

Avec l’aimable autorisation de la Revue Infos-Yoga

NOTES :
1 Tous les textes védiques cités ont été traduits par Jean Varenne et sont inclus dans son ouvrage le Véda, édition Les deux Océans, Paris, 1984.
2 Les citations des Yoga Sûtra-s sont tirés de L’ouvrage de Françoise Mazet, Yoga Sûtras, Édition Albin Michel, Paris, 1991.
3 Henri Bergson, L’énergie spirituelle, PUF, Paris, 1985, p. 23.
4 Gaston Bachelard, La poétique de l’espace, PUF, Paris, 1992, p. 12.

 

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