le bonheur et l’esprit
Par Matthieu Ricard le 11 juillet 2017
Rechercher le bonheur ne signifie pas la poursuite incessante
d’expériences plaisantes – ceci ressemblerait plutôt à une recette
menant à l’épuisement – mais une façon d’être résultant d’un
esprit que l’on a entraîné à la bienveillance, à l’équilibre
émotionnel, à la liberté et à la paix intérieures, en un mot à la
sagesse.
Chacune de ces qualités est une aptitude que l’on peut développer
au travers d’un entraînement de l’esprit.
Nous avons affaire à notre propre esprit du matin au soir.
Il peut être notre meilleur ami comme notre pire ennemi.
Nous devons faire tout notre possible pour améliorer le monde
extérieur, bien sûr – remédier à la pauvreté, aux inégalités et aux
conflits, etc. – mais nous pouvons aussi agir pleinement sur notre
état d’esprit et atteindre ainsi les ressources intérieures nous
permettant d’appréhender les vicissitudes de la vie.
La souffrance et les bouleversements ne tombent pas du ciel.
Les causes en sont distantes et proches à la fois.
Il n’y a aucune guerre qui n’ait commencé par un sentiment
de haine qui s’est ensuite répandu dans l’esprit de quelqu’un.
À part pour les catastrophes naturelles, les situations les plus
fâcheuses sont le fait des êtres humains et de leur esprit.
Il nous fait donc aller à la racine même des causes de notre
souffrance – la confusion mentale, la haine, l’avidité, la jalousie
et l’arrogance – et tout mettre en œuvre pour y remédier.
Quand vous faites face à des circonstances défavorables, si vous
pouvez agir, faites-le, il n’y a pas besoin de s’inquiéter.
Si vous ne pouvez rien faire, alors il n’y a aucune raison non plus
de s’inquiéter. Ainsi dans les deux cas l’inquiétude est une
souffrance ajoutée. Mais cela ne signifie pas bien sûr qu’il n’y a
pas à être malheureux en cas d’injustice, d’abus ou d’autres
attitudes provoquant de la souffrance chez autrui.